Page:Les Mille et Un Jours, trad. Pétis de la Croix, 1919.djvu/77

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
61
CONTES ORIENTAUX

J’ai soupçonné mon père de tout ce qu’il a fait, et j’ai gagné, un de ses esclaves qui m’a tout avoué. Cet esclave est un des deux qui étaient ici tantôt avec lui ; et, comme il s’est trouvé chargé de la clef du tombeau, il me l’a confiée. J’en ai fait aussitôt avertir le prince Aly, qui s’est hâté de me joindre avec quelques-uns de ses plus fidèles domestiques. Nous sommes venus en diligence, et nous rendons grâces au ciel de n’être point arrivés trop tard.

— Ô Dieu, dit alors Aboulcasem, se peut-il qu’un père si lâche et si cruel ait une fille si généreuse ! — Allons, seigneur, dit le prince Aly, ne perdons point de temps. Je ne doute pas que demain le vizir ne vous trouvant plus dans le tombeau, ne vous fasse chercher avec beaucoup de soin ; mais je vais vous conduire chez moi. Vous y serez en sûreté. On ne me soupçonnera point de vous avoir donné un asile. » On couvrit Aboulcasem d’une robe d’esclave. Après quoi ils sortirent tous du tombeau, qu’ils laissèrent ouvert, et prirent le chemin de la ville. Balkis retourna chez elle et rendit la clef du tombeau à l’esclave, et le prince Aly emmena chez lui le fils d’Abdelaziz, qu’il tint si bien caché que ses ennemis n’en purent apprendre aucune nouvelle.