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LES MILLE ET UN JOURS

XV

Aboulcasem demeura dans la maison du prince Aly, qui lui fit toutes sortes de bons traitements, jusqu’à ce que le roi et le vizir, désespérant de le retrouver, cessèrent de le chercher. Alors le prince Aly lui donna un fort beau cheval, le chargea de sequins et de pierreries, et lui dit : « Vous pouvez présentement vous sauver. Les chemins vous sont ouverts. Vos ennemis ne savent ce que vous êtes devenu. Allez où il vous plaira. » Le fils d’Abdelaziz remercia ce généreux prince de ses bontés, et l’assura qu’il en aurait une éternelle reconnaissance. Le prince Aly l’embrassa, le vit partir et pria le ciel de le conduire. Aboulcasem prit la route de Bagdad, et y arriva heureusement après quelques jours de marche.

Lorsqu’il fut dans cette ville, la première chose qu’il fit, fut d’aller au lieu où s’assemblent les marchands. L’espérance d’y voir celui qu’il avait régalé à Basra et de lui conter ses disgrâces, faisait toute sa consolation. Il fut mortifié de ne pas le trouver. Il parcourut toute la ville, et il cherchait ses traits dans tous les hommes qui s’offraient à sa vue. Se sentant fatigué, il s’arrêta devant le palais du calife. Le petit page qu’il avait donné à ce prince était alors à une fenêtre, et cet enfant ayant jeté par hasard les yeux sur lui, le reconnut. Il courut aussitôt à l’appartement de l’empereur. « Seigneur, lui dit-il, je viens de voir tout à l’heure mon ancien maître de Basra. »

Haroun n’ajouta point foi à ce rapport. « Tu t’es