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CONTES ORIENTAUX

trompé, lui répondit-il, Aboulcasem ne vit plus. Séduit par quelque ressemblance, tu auras pris un autre pour lui. — Non, non, commandeur des croyants, répliqua le page, je suis bien assuré que c’est lui. Je l’ai bien reconnu. » Quoique le calife ne crût point celle nouvelle, il ne laissa pas de la vouloir approfondir. Il envoya sur-le-champ un de ses officiers avec le page, pour voir si l’homme dont il s’agissait était effectivement le fils d’Abdelaziz. Ils le trouvèrent encore dans la même place, parce que de son côté, croyant avoir reconnu le petit page, il attendait que cet enfant reparût à la fenètre.

Quand le page fut persuadé qu’il ne s’était pas trompé, il se jeta aux pieds d’Aboulcasem, qui le releva, et lui demanda s’il avait l’honneur d’appartenir au calife ? « Oui, seigneur, lui répondit l’enfant ; c’est le commandeur des croyants lui-même que vous avez reçu chez vous à Basra, et c’est à lui que vous m’avez donné. Venez avec moi, seigneur, l’empereur sera bien aise de vous voir. » À ce discours, la surprise du jeune homme de Basra fut extrême. Il se laissa entrainer dans le palais par le page et l’officier, et bientôt il fut introduit dans l’appartement d’Haroun. Ce prince était assis sur son sofa. Il se sentit extraordinairement ému en voyant Aboulcasem ; il se leva d’un air empressé, alla au-devant du jeune homme, et le tint longtemps embrassé sans pouvoir prononcer une parole, tant il était transporté de joie.

Lorsqu’il fut un peu revenu de l’extrême émotion que lui avait causée cette aventure, il dit au fils d’Abdelaziz : « Ô jeune homme ! ouvre les yeux et reconnais ton heureux convive. C’est moi que tu as si bien reçu, et à qui tu as fait des présents que ceux des rois n’égalent pas. » À ces mots, Aboulcasem, qui n’était