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LES MILLE ET UN JOURS

pas moins troublé que le calife, sur qui par respect il n’avait osé porter la vue, l’envisagea, et le reconnaissant : « Ô mon souverain maître, s’écria-t-il ! ô roi du monde, est-ce vous qui êtes venu chez votre esclave ? » En disant cela, il se jeta la face contre terre aux pieds de l’empereur qui le releva et le fit asseoir auprès de lui sur un sofa.

« Comment est-il possible, lui dit ce prince, que vous soyez encore en vie ? » Alors Aboulcasem raconta toutes les cruautés d’Aboulfatah, et par quelle aventure il avait été arraché à la fureur de ce vizir. Haroun l’écouta fort attentivement, et puis lui dit : « Je suis cause de vos derniers malheurs. Étant de retour à Bagdad, je voulus commencer à m’acquitter envers vous. J’envoyai un courrier au roi de Basra. Je lui mandai que mon intention était qu’il vous remît sa couronne. Au lieu d’exécuter mes ordres, il résolut de vous ôter la vie ; car vous devez être persuadé qu’Aboulfatah vous aurait bientôt fait mourir. L’espérance qu’il avait que les supplices vous obligeraient bientôt à lui découvrir votre trésor, lui faisait seulement différer votre mort. Mais vous serez vengé ; Giafar avec un grand nombre de troupes est allé à Basra. Je lui ai donné ordre de se saisir de vos deux persécuteurs et de me les amener. Cependant vous demeurerez dans mon palais et vous y serez servi par mes officiers comme moi-même. »

En achevant ces paroles, il prit le jeune homme par la main et le fit descendre dans un jardin rempli des plus rares fleurs. On y voyait plusieurs bassins de marbre, de porphyre et de jaspe qui servaient de réservoirs à une infinité de beaux poissons. Au milieu du jardin paraissait, sur douze colonnes de marbre noir fort hautes, un dôme dont la voûte était de bois de