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CONTES ORIENTAUX

sandal et de bois d’aloès. Les intervalles des colonnes étaient fermés par un double treillis d’or qui formait tout autour une volière pleine de mille et mille serins de diverses couleurs, de rossignols, de fauvettes et d’autres oiseaux harmonieux qui confondant leurs ramages, faisaient un concert charmant.

Les bains d’Haroun-al-Raschid étaient sous ce dôme. Le prince et son hôte se baignèrent. Après quoi, plusieurs officiers les couvrirent de linges du plus fin lin et qui n’avaient jamais servi. On revêtit ensuite Aboulcasem de riches habits. Puis le calife le mena dans une salle où il le fit manger avec lui. On leur apporta des potages de jus de mouton et des blancs-mangers. On leur servit des grenades d’Amlas et de Ziri, des pommes d’Exhait, des raisins de Melah et de Sevise, et des poires d’Ispahan. Après qu’ils eurent mangé de ces potages et de ces fruits, et bu d’un vin délicieux, l’empereur conduisit Aboulcasem à l’appartement de Zobéide.

Cette princesse paraissait sur un trône d’or au milieu de toutes ses esclaves qui étaient debout et partagées en deux files. Les unes avaient des tambours de basque, les autres des flûtes douces, et les autres des harpes. Elles ne faisaient point alors entendre leurs instruments. Elles écoutaient toutes avec attention une fille, plus belle que les autres, qui chantait une chanson dont le sens était : « Qu’il ne faut aimer qu’une fois ; mais il faut aimer toute sa vie ; » et pendant qu’elle chantait, la demoiselle qu’Aboulcasem avait donnée au calife, jouait de son luth de bois d’aloès, d’ivoire, de bois de sandal et d’ébène.

D’abord que Zobéide aperçut l’empereur et le fils d’Abdelaziz, elle descendit de son trône pour les recevoir. « Madame, lui dit Haroun, vous voulez bien que je