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LES MILLE ET UN JOURS

Couloufe et de la belle Dilara. — Voyons, répliqua Farrukhnaz, je vous permets de nous la raconter. » Aussitôt la nourrice la commença de cette sorte.

HISTOIRE DE COULOUFE ET DE LA BELLE DILARA

« Il y avait à Damas un vieux marchand nommé Abdallah, qui passait pour le plus riche de ses confrères. Il était fâché d’avoir été dans toutes les parties du monde et de s’être exposé à mille et mille périls pour amasser du bien, puisqu’il n’avait point d’enfants. Il n’épargnait rien toutefois pour en avoir : il ouvrait sa porte aux pauvres et faisait sans cesse des charités aux derviches, en les invitant à prier Dieu de lui accorder un fils. Il fonda même des hôpitaux et des couvents, et fit bâtir des mosquées ; mais tout était inutile. Abdallah ne pouvait devenir père, et il en perdit même l’espérance.

Un jour, il fit venir chez lui un médecin indien dont on vantait fort la capacité. Il le fit asseoir à sa table, et après l’avoir bien régalé, il lui dit : « Ô docteur, il y a longtemps que je souhaite passionnément d’avoir un fils. — Seigneur, lui répondit l’Indien, c’est une faveur qui dépend de Dieu. Cependant il est permis aux hommes de chercher les moyens de l’obtenir. — Ordonnez-moi ce qu’il faut que je fasse pour cela, reprit Abdallah, et je vous assure que je le ferai. — Premièrement, dit le médecin, achetez une jeune esclave qui soit grande et droite comme un cyprès. Qu’elle ait un visage agréable, de grosses joues et de grosses hanches. Secondement, le son de sa voix