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CONTES ORIENTAUX

doit être doux ; son air toujours riant et sa conversation enjouée. De plus, je voudrais que vous vous aimassiez l’un et l’autre. Outre cela, avant que de voir cette esclave, il faut que vous soyez chaste pendant quarante jours, et que votre esprit ne soit occupé d’aucune affaire ; que vous ne mangiez durant tout ce temps-là que de la chair de mouton noir, et que vous ne buviez que du vin vieux. Si vous observez exactement toutes ces choses, il y a lieu d’espérer que vous aurez un fils. »

XVII

Abdallah ne manqua pas d’acheter une belle esclave, et véritablement il en eut un fils, en suivant le régime que le médecin lui avait prescrit. Pour célébrer la naissance de l’enfant, qui fut nommé Couluufe, Abdallah assembla tous ses amis, leur donna un festin et fit de grandes aumônes pour rendre grâces au ciel d’avoir comblé ses vœux. On éleva Couloufe, et à mesure qu’il devenait plus grand, il recevait de nouvelles instructions. Il eut plusieurs maîtres qui le trouvèrent fort disposé à profiter de leurs leçons. On lui enseigna les langues hébraïque, grecque, turque et indienne, et à bien former les caractères de toutes ces langues. On ne se contenta pas de lui faire apprendre l’Alcoran, on lui en fit lire les commentaires. Il en possédait jusqu’au sens mystique. Il était surtout bien instruit du point qui regarde la prédestination. Il savait aussi l’abolissant et l’aboli, de même que les points de l’ambiguïté et de la certitude. On ne