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DISSERTATION

l’avouer, est le berceau de l’apologue et la source des contes qui ont rempli le monde. Ces peuples, amollis par le climat et intimidés par le gouvernement, ne se sont point élevés jusqu’aux spéculations de la philosophie, et n’ont qu’effleuré les sciences ; mais ils ont habillé la morale en paraboles, et inventé des fables charmantes que les autres peuples ont adoptées à l’envi. Quelle prodigieuse fécondité dans ce genre ! Quelle variété ! Quel intérêt ! Ce n’est pas que dans la mythologie des Arabes il y ait autant d’esprit et de goût que dans celle des Grecs. Les fables de ceux-ci semblent faites pour des hommes, et celles des autres pour des enfans ; mais ne sommes-nous pas tous un peu enfans dès qu’il s’agit de contes ? Y a-t-il une histoire plus agréable que celle d’Aboulcasem, une histoire plus touchante que celle de Ganem ? D’ailleurs, l’amusement que ces livres procurent n’est pas leur seul mérite : ils servent à donner une idée très-fidelle du caractère et des mœurs de ces Arabes qui ont long-temps