Page:Les Mille et Une Nuits, trad. Galland, Le Normant, 1806, I.djvu/332

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
296
LES MILLE ET UNE NUITS,

sa cour un mois ou deux, après quoi je me rendois auprès du roi mon père. Ces voyages nous donnèrent occasion, au prince mon cousin et à moi, de contracter ensemble une amitié très-forte et très-particulière. La dernière fois que je le vis, il me reçut avec de plus grandes démonstrations de tendresse qu’il n’avoit fait encore ; et voulant un jour me régaler, il fit pour cela des préparatifs extraordinaires. Nous fûmes long-temps à table ; et après que nous eûmes bien soupé tous deux : « Mon cousin, me dit-il, vous ne devineriez jamais à quoi je me suis occupé depuis votre dernier voyage. Il y a un an qu’après votre départ, je mis un grand nombre d’ouvriers en besogne pour un dessein que je médite. J’ai fait faire un édifice qui est achevé, et on y peut loger présentement ; vous ne serez pas fâché de le voir ; mais il faut auparavant que vous me fassiez serment de me garder le secret et la fidélité : ce sont deux choses que j’exige de vous. »