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LES MILLE ET UNE NUITS,

de m’apporter un melon et du sucre, que j’en mange pour me rafraîchir. »

De plusieurs melons qui nous restoient, je choisis le meilleur, et le mis dans un plat ; et comme je ne trouvois pas de couteau pour le couper, je demandai au jeune homme s’il ne savoit pas où il y en avoit. Il y en a un, me répondit-il, sur cette corniche au-dessus de ma tête. Effectivement, j’y en aperçus un ; mais je me pressai si fort pour le prendre, et dans le temps que je l’avois à la main, mon pied s’embarrassa de sorte dans la couverture, que je glissai, et je tombai si malheureusement sur le jeune homme, que je lui enfonçai le couteau dans le cœur. Il expira dans le moment.

« À ce spectacle, je poussai des cris épouvantables. Je me frappai la tête, le visage et la poitrine. Je déchirai mon habit, et me jetai par terre avec une douleur et des regrets inexprimables. « Hélas ! m’écriai-je, il ne lui restoit que quelques heures pour être hors du danger contre lequel il avoit cherché un asile ; et dans le temps