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LES MILLE ET UNE NUITS,

qu’elle méritoit, quand j’aperçus dix jeunes hommes fort bien faits, qui paroissoient venir de la promenade. Mais, ce qui me parut assez surprenant, ils étoient tous borgnes de l’œil droit. Ils accompagnoient un vieillard d’une taille haute, et d’un air vénérable.

» J’étois étrangement étonné de rencontrer tant de borgnes à la fois, et tous privés du même œil. Dans le temps que je cherchois dans mon esprit par quelle aventure ils pouvaient être rassemblés, ils m’abordèrent et me témoignèrent de la joie de me voir. Après les premiers complimens, ils me demandèrent ce qui m’avoit amené là. Je leur répondis que mon histoire étoit un peu longue, et que s’ils vouloient prendre la peine de s’asseoir, je leur donnerois la satisfaction qu’ils souhaitoient. Ils s’assirent, et je leur racontai ce qui m’étoit arrivé depuis que j’étois sorti de mon royaume jusqu’alors ; ce qui leur causa une grande surprise.

» Après que j’eus achevé mon dis-