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DES CONTES ARABES.

Il ne l’avoit pas finie, et il étoit encore à genoux ; quand il vit paroître un génie tout blanc de vieillesse, et d’une grandeur énorme, qui, s’avançant jusqu’à lui le sabre à la main, lui dit d’un ton de voix terrible : « Lève-toi, que je te tue avec ce sabre, comme tu as tué mon fils. » Il accompagna ces mots d’un cri effroyable. Le marchand, autant effrayé de la hideuse figure du monstre, que des paroles qu’il lui avoit adressées, lui répondit en tremblant : « Hélas ! mon bon seigneur, de quel crime puis-je être coupable envers vous, pour mériter que vous m’ôtiez la vie ? » « Je veux, reprit le génie, te tuer de même que tu as tué mon fils. » « Hé ! bon Dieu, repartit le marchand, comment pourrois-je avoir tué votre fils ? Je ne le connois point, et je ne l’ai jamais vu. » « Ne t’es-tu pas assis en ar-