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LES MILLE ET UNE NUITS,

rivant ici, répliqua le génie ? n’as-tu pas tiré des dattes de ta valise, et, en les mangeant, n’en as-tu pas jeté les noyaux à droite et à gauche ? » « J’ai fait ce que vous dites, répondit le marchand, je ne puis le nier. » « Cela étant, reprit le génie, je te dis que tu as tué mon fils, et voici comment : dans le temps que tu jetois tes noyaux, mon fils passoit ; il en a reçu un dans l’œil, et il en est mort ; c’est pourquoi il faut que je te tue. » « Ah ! monseigneur, pardon, s’écria le marchand. » « Point de pardon, répondit le génie, point de miséricorde. N’est-il pas juste de tuer celui qui a tué ? » « J’en demeure d’accord, dit le marchand ; mais je n’ai assurément pas tué votre fils ; et quand cela seroit, je ne l’aurois fait que fort innocemment ; par conséquent je vous supplie de me pardonner, et de me laisser la vie. » « Non, non, dit le génie en persistant dans sa résolution, il faut que je te tue de même que tu as tué mon fils. « À ces mots, il prit le marchand par le bras, le jeta la