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CONTES ARABES.

CXXe NUIT.

Sire, le calife Haroun Alraschild, malgré sa gravité, ne put s’empêcher de rire quand le visir Giafar lui dit que Schemseddin Mohammed menaçoit de faire mourir Bedreddin pour n’avoir pas mis du poivre dans la tarte à la crême qu’il avoit vendue à Schaban.

« Hé quoi, disoit Bedreddin, faut-il qu’on ait tout rompu et brisé dans ma maison, qu’on m’ait emprisonné dans une caisse, et qu’enfin on s’apprête à m’attacher à un poteau ; et tout cela parce que je ne mets pas de poivre dans une tarte à la crême ! Hé grand Dieu, qui a jamais ouï parler d’une pareille chose ? Sont-ce là des actions de Musulmans, de personnes qui font profession de probité, de justice, et qui pratiquent toutes sortes