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LES MILLE ET UNE NUITS,

Alors baissant les yeux, je dis en moi-même : « Si je nie le fait, la bourse dont on m’a trouvé saisi, me fera passer pour un menteur. » Ainsi, pour éviter un double châtiment, je levai la tête, et confessai que c’étoit moi. Je n’eus pas plutôt fait cet aveu, que le lieutenant de police, après avoir pris des témoins, commanda qu’on me coupât la main. La sentence fut exécutée sur-le-champ, ce qui excita la pitié de tous les spectateurs ; je remarquai même sur le visage du cavalier, qu’il n’en étoit pas moins touché que les autres. Le lieutenant de police vouloit encore me faire couper un pied ; mais je suppliai le cavalier de demander ma grâce ; il la demanda, et l’obtint.

» Lorsque le juge eut passé son chemin, le cavalier s’approcha de moi. « Je vois bien, me dit-il en me présentant la bourse, que c’est la nécessité qui vous a fait faire une action si honteuse et si indigne d’un jeune homme aussi bien fait que vous ; mais tenez, voilà cette bourse