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LES MILLE ET UNE NUITS,

sulta long-temps lui-même là-dessus, et il se détermina enfin à les employer en verres, en bouteilles et autres pièces de verrerie, qu’il alla chercher chez un gros marchand. Il mit le tout dans un panier à jour, et choisit une fort petite boutique où il s’assit, le panier devant lui, et le dos appuyé contre le mur, en attendant qu’on vînt acheter de sa marchandise. Dans cette attitude, les jeux attachés sur son panier, il se mit à rêver, et dans sa rêverie, il prononça les paroles suivantes assez haut pour être entendu d’un tailleur qu’il avoit pour voisin : « Ce panier, dit-il, me coûte cent dragmes, et c’est tout ce que j’ai au monde. J’en ferai bien deux cents dragmes en le vendant en détail, et de ces deux cents dragmes que j’emploierai encore en verrerie, j’en ferai quatre cents. Ainsi, j’amasserai par la suite du temps quatre mille dragmes. De quatre mille dragmes, j’irai aisément jusqu’à huit. Quand j’en aurai dix mille, je laisserai aussitôt la verrerie pour me faire joaillier.