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CONTES ARABES.

depuis qu’il ne l’avoit vu, étoit dans un état qui donnoit tout sujet de craindre pour sa vie, et qu’on ne pouvoit tirer de lui une seule parole. Ils l’introduisirent dans sa chambre sans faire de bruit, et il le trouva couché dans son lit, les yeux fermés, et dans un état qui lui fit compassion. Il le salua en lui touchant la main, et il l’exhorta à prendre courage.

Le prince de Perse reconnut que le joaillier lui parloit ; il ouvrit les yeux, et le regarda d’une manière qui lui fit connoître la grandeur de son affliction, infiniment au-delà de ce qu’il en avoit eu depuis la première fois qu’il avoit vu Schemselnihar. Il lui prit et lui serra la main pour lui marquer son amitié, et lui dit d’une voix foible, qu’il lui étoit bien obligé de la peine qu’il prenoit de venir voir un prince aussi malheureux et aussi affligé qu’il l’étoit.

« Prince, reprit le joaillier, ne parlons pas, je vous en supplie, des obligations que vous pouvez m’avoir : je voudrois bien que les bons offices que