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CONTES ARABES.

mariage légitime, toutes quatre filles de rois, et soixante concubines.

Schahzaman s’estimoit le monarque le plus heureux de la terre, par la tranquillité et la prospérité de son règne. Une seule chose troubloit son bonheur : c’est qu’il étoit déjà avancé en âge et qu’il n’avoit point d’enfans, quoiqu’il eût un si grand nombre de femmes. Il ne savoit à quoi attribuer cette stérilité ; et, dans son affliction, il regardoit comme le plus grand malheur qui pût lui arriver, de mourir sans laisser après lui un successeur de son sang. Il dissimula long-temps le chagrin cuisant qui le tourmentoit, et il souffroit d’autant plus, qu’il se faisoit violence pour ne pas paroître qu’il en eût. Il rompit enfin le silence ; et un jour, après qu’il se fût plaint amèrement de sa disgrâce à son grand visir, à qui il en parla en particulier, il lui demanda s’il ne savoit pas quelque moyen d’y remédier.

« Si ce que votre Majesté me demande, répondit ce sage ministre, dépendoit des règles ordinaires de la