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CONTES ARABES.

moitié dans l’eau, moitié dehors, dit en lui-même : « Sans doute que le prince a perdu l’esprit de douleur, et je ne puis échapper que par un mensonge. Prince, dit-il d’un ton de suppliant, donnez-moi la vie, je vous en conjure : je promets de vous dire la chose comme elle est. »

Le prince retira l’esclave, et le pressa de parler. Dès qu’il fut hors du puits : « Prince, lui dit l’esclave en tremblant, vous voyez bien que je ne puis vous satisfaire dans l’état où je suis ; donnez-moi le temps d’aller changer d’habit auparavant. » « Je te l’accorde, reprit le prince ; mais fais vite, et prends bien garde de ne me pas cacher la vérité. »

L’esclave sortit ; et après avoir fermé la porte sur le prince, il courut au palais dans l’état où il étoit. Le roi s’y entretenoit avec son premier visir, et se plaignoit à lui de la mauvaise nuit qu’il avoit passée au sujet de la désobéissance et de l’emportement si criminel du prince son fils, en s’opposant à sa volonté.