Page:Les Mille et Une Nuits, trad. Galland, Le Normant, 1806, III.djvu/482

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
474
LES MILLE ET UNE NUITS,

Ce ministre tâchoit de le consoler, et de lui faire comprendre que le prince lui-même lui avoit donné lieu de le réduire. « Sire, lui disoit-il, votre Majesté ne doit pas se repentir de l’avoir fait arrêter. Pourvu qu’elle ait la patience de le laisser quelque temps dans sa prison, elle doit se persuader qu’il abandonnera cette fougue de jeunesse, et qu’enfin il se soumettra à tout ce qu’elle exigera de lui. »

Le grand visir achevoit ces derniers mots, lorsque l’esclave se présenta au roi Schahzaman. « Sire, lui dit-il, je suis bien fâché de venir annoncer à votre Majesté une nouvelle qu’elle ne peut écouter qu’avec un grand déplaisir. Ce qu’il dit d’une dame qui a couché cette nuit avec lui, et l’état où il m’a mis, comme votre Majesté le peut voir, ne font que trop connoître qu’il n’est plus dans son bon sens. » Il fit ensuite le détail de tout ce que le prince Camaralzaman avoit dit, et de la manière dont il l’avoit traité, en des termes qui donnèrent créance à son discours.