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CONTES ARABES.

ses larmes, qui coulèrent en abondance, accompagnées de soupirs et de sanglots. Il demeura long-temps dans cet état, abymé dans ses pensées, sans proférer une seule parole.

Le roi Saleh cependant qui ne vit plus le roi son neveu, fut dans une grande peine de savoir où il étoit, et il ne trouvoit personne qui lui en donnât des nouvelles. Il se sépara d’avec les autres chasseurs ; et en le cherchant, il l’aperçut de loin. Il avoit remarqué dès le jour précédent, et encore plus clairement le même jour, qu’il n’avoit pas son enjouement ordinaire, qu’il étoit rêveur contre sa coutume, et qu’il n’étoit pas prompt à répondre aux demandes qu’on lui faisoit ; ou s’il y répondoit, qu’il ne le faisoit pas à propos. Mais il n’avoit pas eu le moindre soupçon de la cause de ce changement. Dès qu’il le vit dans la situation où il étoit, il ne douta pas qu’il n’eût entendu l’entretien qu’il avoit eu avec la reine Gulnare, et