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LES MILLE ET UNE NUITS,

sentence, et le gouverneur envoya aussitôt chercher le bourreau.

Toute l’assemblée étoit consternée. Le peuple bientôt instruit de cet événement, accouroit en foule, et murmuroit hautement. Le gouverneur crut qu’il étoit prudent de ne pas faire exécuter publiquement Attaf. Il parut se rendre aux instances de ceux qui l’entouroient, et commanda qu’on le conduisît en prison ; mais en même-temps il fit dire secrétement au geolier qu’il enverroit étrangler ce prisonnier la nuit suivante.

Le geolier étoit attaché à Attaf, dont il avoit plus d’une fois éprouvé la bienfaisance. Il fut révolté de la conduite du gouverneur, qui lui parut l’effet de la haine et de la jalousie. Il ne douta pas que, si le calife étoit instruit de cette affaire, il ne reconnût l’innocence d’Attaf, et ne punît le gouverneur. Il résolut donc d’exposer sa vie pour sauver celle de son bienfaiteur et lui donner les moyens de faire entendre ses plaintes.