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CONTES ARABES.

tes-vous pas Abou Hassan mon fils ? Ce seroit la chose du monde la plus singulière, que vous l’eussiez oublié en si peu de temps. »

« Moi, ton fils ! Vieille exécrable, reprit Abou Hassan, tu ne sais ce que tu dis, et tu es une menteuse ! Je ne suis pas l’Abou Hassan que tu dis, je suis le Commandeur des croyans. »

« Taisez-vous, mon fils, repartit la mère ; vous n’êtes pas sage ; on vous prendroit pour un fou si l’on vous entendoit. »

« Tu es une vieille folle toi-même, répliqua Abou Hassan, et je ne suis pas fou comme tu le dis. Je te répète que je suis le Commandeur des croyans, et le vicaire en terre du maître des deux mondes. »

« Ah, mon fils, s’écria la mère, est-il possible que je vous entende proférer des paroles qui marquent une si grande aliénation d’esprit ? Quel malin génie vous obsède pour vous faire tenir un semblable discours ? Que la bénédiction de Dieu soit sur