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LES MILLE ET UNE NUITS,

plat, l’examina ; et il n’eut pas plutôt connu qu’il étoit de bon argent, qu’il demanda à Aladdin combien il l’estimoit. Aladdin qui n’en connoissoit pas la valeur, et qui n’avoit jamais fait commerce de cette marchandise, se contenta de lui dire qu’il savoit bien lui-même ce que ce plat pouvoit valoir, et qu’il s’en rapportoit à sa bonne foi. Le juif se trouva embarrassé de l’ingénuité d’Aladdin. Dans l’incertitude où il étoit de savoir si Aladdin en connoissoit la matière et la valeur, il tira de sa bourse une pièce d’or qui ne faisoit au plus que la soixante-deuxième partie de la valeur du plat, et il la lui présenta. Aladdin prit la pièce avec un grand empressement, et dès qu’il l’eut dans la main, il se retira si promptement, que le juif, non content du gain exorbitant qu’il faisoit par cet achat, fut bien fâché de n’avoir pas pénétré qu’Aladdin ignoroit le prix de ce qu’il lui avoit vendu, et qu’il auroit pu lui en donner beaucoup moins. Il fut sur le point de courir après le