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LES MILLE ET UNE NUITS,

avant qu’elle reprît ses esprits. Elle les reprit enfin ; et alors plutôt que de manquer à la foi qu’elle avoit promise au prince Firouz Schah, en consentant aux noces que le sultan de Cachemire avoit résolues sans la consulter, elle prit le parti de feindre que l’esprit venoit de lui tourner dans l’évanouissement. Dès-lors elle commença à dire des extravagances en présence du sultan, elle se leva même comme pour se jeter sur lui ; de manière que le sultan fut fort surpris et fort affligé de ce contre-temps fâcheux. Comme il vit qu’elle ne revenoit pas en son bon sens, il la laissa avec ses femmes, auxquelles il recommanda de ne la pas abandonner, et de prendre un grand soin de sa personne. Pendant la journée il prit celui d’envoyer souvent s’informer de l’état où elle se trouvoit, et chaque fois on lui rapporta, ou qu’elle étoit dans le même état, ou que le mal augmentoit plutôt que de diminuer. Le mal parut même plus violent sur le soir que pendant le jour ;