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Page:Les Mille et Une Nuits, trad. Galland, Le Normant, 1806, VII.djvu/18

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LES MILLE ET UNE NUITS,

qu’après tant de temps les olives soient encore bonnes ? Elles sont pourries et gâtées. Et si Ali Cogia revient, comme un pressentiment me le dit, et qu’il s’aperçoive que vous y ayiez touché, quel jugement fera-t-il de votre amitié et de votre fidélité ? Abandonnez votre dessein, je vous en conjure. »

La femme ne tint un si long discours à son mari, que parce qu’elle lisoit son obstination sur son visage. En effet, il n’écouta pas de si bons conseils : il se leva, et il alla à son magasin avec de la lumière et un plat.

« Alors, souvenez-vous au moins, lui dit sa femme, que je ne prends pas de part à ce que vous allez faire, afin que vous ne m’en attribuiez pas la faute s’il vous arrive de vous en repentir. »

Le marchand eut encore les oreilles fermées, et il persista dans son dessein. Quand il est dans son magasin, il prend le vase, il le découvre, et il voit les olives toutes pourries. Pour s’éclaircir si le dessous