coutume. Dès qu’il fut arrivé, la fée, qui jusqu’alors l’avoit toujours vu se présenter devant elle avec un visage ouvert, lui demanda la cause du changement qu’elle y remarquoit. Comme elle vit qu’au lieu de répondre, il lui demandoit des nouvelles de sa santé, d’un air qui faisoit connoître qu’il évitoit de la satisfaire :
« Je répondrai, dit-elle, à votre demande quand vous aurez répondu à la mienne. Le prince s’en défendit long-temps, en lui protestant que ce n’étoit rien ; mais plus il se défendoit, plus elle le pressoit. Je ne puis, dit-elle, vous voir dans l’état où vous êtes, que vous ne m’ayez déclaré ce qui vous fait de la peine, afin que j’en dissipe la cause, quelle qu’elle puisse être : il faudroit qu’elle fût bien extraordinaire si elle étoit hors de mon pouvoir, à moins que ce ne fût la mort du sultan votre père ; en ce cas-là, outre que je tâcherois d’y contribuer de mon côté, le temps vous en apporteroit la consolation. »
Le prince Ahmed ne put résister