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LES MILLE ET UNE NUITS,

sant, avec son consentement, la princesse ma sœur.

» La foule des courtisans qui environnoient le trône du roi mon père, qui entendirent l’extravagance de cette proposition, s’en moquèrent hautement ; et en mon particulier j’en conçus une indignation si grande, qu’il ne me fut pas possible de la dissimuler, d’autant plus que je m’aperçus que le roi mon père balançoit sur ce qu’il devoit répondre. En effet, je crus voir le moment ou il alloit lui accorder ce qu’il demandoit, si je ne lui eusse représenté vivement le tort qu’il alloit faire à sa gloire. Ma remontrance néanmoins ne fut pas capable de lui faire abandonner entièrement le dessein de sacrifier la princesse ma sœur à un homme si méprisable. Il crut que je pourrois entrer dans son sentiment, si une fois je pouvois comprendre comme lui, à ce qu’il s’imaginoit, combien ce cheval étoit estimable par sa singularité. Dans cette vue, il voulut que je l’examinasse, que je le montasse,