Page:Les Mille et Une Nuits, trad. Galland, Le Normant, 1806, VII.djvu/90

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
82
LES MILLE ET UNE NUITS,

D’après la manière dont le prince de Perse venoit de s’expliquer, la princesse de Bengale étoit trop raisonnable pour insister afin de lui persuader de se faire voir au roi de Bengale, et d’exiger de lui de rien faire contre son devoir et contre son honneur ; mais elle fut alarmée du prompt départ qu’il méditoit, à ce qu’il lui parut, et elle craignit, s’il prenoit congé d’elle sitôt, que bien loin de lui tenir la promesse qu’il lui faisoit, il ne l’oubliât dès qu’il auroit cessé de la voir. Pour l’en détourner, elle lui dit :

« Prince, en vous faisant la proposition de contribuer à vous mettre en état de voir le roi mon père, mon intention n’a pas été de m’opposer à une excuse aussi légitime que celle que vous m’apportez, et que je n’avois pas prévue. Je me rendrois complice moi-même de la faute que vous commettriez si j’en avois la pensée ; mais je ne puis approuver que vous songiez il partir aussi promptement que vous semblez vous le proposer. Accordez au moins à mes