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LES MILLE ET UNE NUITS,

que le vieillard lui présenta, et y lut à haute voix ces mots :

« Au nom du Dieu de bonté et de miséricorde, ne vous hâtez pas de faire mourir ce jeune homme ! Un excès de précipitation m’a rendu cause de la mort de son frère, et maintenant je gémis de sa perte. Si vous voulez une victime, faites-moi périr à la place de celui-ci. »

» L’homme inconnu qui étoit, comme on voit, le père du jeune marchand, étoit prosterné aux pieds du roi et fondoit en larmes, ainsi que son épouse. Le roi, touché de ce spectacle, les fit relever, et dit au vieillard de raconter son histoire.

» Le roi eut à peine entendu quelques mots, qu’il poussa un cri, se leva de son trône, et se jetant au cou du vieillard, lui dit : « Vous êtes mon père. » Il embrassa ensuite sa mère, courut à son frère, lui arracha le bandeau de dessus les yeux, et le serra dans ses bras.


» C’est ainsi, ô Roi, dit le jeune