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Page:Les Révélations de l’écriture d’après un contrôle scientifique.djvu/214

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une galerie d’assassins jugés d’après leur écriture.

Il montre aussi jusqu’où peuvent aller la souplesse d’esprit, la finesse et même la subtilité du scripteur. — Cette retenue d’une nature si impressionnable, tant par la sensibilité de l’esprit que par ses élans du cœur, produit une réserve voisine de la dissimulation et qui, sans tomber dans ce défaut, est certainement nuancée d’une forte sécrétivité.

On peut se demander s’il est toujours assez maître de lui pour cacher, dans toutes circonstances, les vives impressions ressenties par sa nature délicate et d’une énergie médiocre ; je ne le crois pas et je pense que par instants, rarement cependant, il s’échappe à lui-même ; ce n’est pas qu’à ces rares moments l’impression ressentie ait été plus vive (peine ou douleur, joie ou jouissance) ; mais c’est parce qu’il faut une forte dose d’activité volontaire et une grande constance d’énergie pour toujours et dans toutes circonstances, contrecarrer sa nature et paraître froid quand on est vivement ému.

Or les forces volontaires sont, en effet, un peu au-dessous d’une pareille dépense : si elles sont généralement assez accentuées comme volonté d’initiative, elles sont nuancées d’obstination et présentent des lacunes temporaires ; lacunes rares, très rares certes, mais qui permettent cependant à l’imagination excitée par la sensibilité de laisser se produire et des sorties de susceptibilité et des mouvements de sensualité (gourmandise de jeunesse).

Il découle aussi de cette lutte contre les instincts naturels un désir de perfectionnement, une recherche du mieux, tendant à développer les aptitudes esthétiques qui donnent un charme assez remarquable à cette physionomie morale.

Il convient de noter en plus une légère impuissance de réalisation qui peut provenir autant d’une culture intellectuelle inachevée (le sujet me paraît encore très jeune) que du combat signalé plus haut qui, par réaction produit une certaine inhibition. Cette seconde cause de faiblesse de réalisation me paraît même la plus effective, car il y a, dans cette intelligence, une certaine suite dans les idées, une bonne logique et une assez grande facilité d’assimilation ; le manque de netteté dans le jugement, par suite de l’imagination trop vive et mal utilisée, est par là contrebalancé.

La spontanéité naturelle aux jeunes gens, spontanéité qui existait jadis bien plus grande dans notre sujet, tend à disparaître par suite des efforts incessants qui cherchent à mettre au pas voulu la sensibilité et l’imagination.

Un caractère ainsi contrarié dans ses tendances instinctives, et dans lequel apparaissent forcément des contrastes, manque de gaité et, soit par tristesse, soit par malaise, on y sent des appréhensions. Il faudrait lâcher un peu la bride moralement et intellectuellement : l’expansion de cette nature sensible remplacerait la sécrétivité et les élans de l’imagination non plus contenue, mais dirigée, deviendraient féconds, ayant ainsi renversé l’inhibition fâcheuse, génératrice d’impuissance.

M. Éloy termine par les lignes suivantes, qui m’ont profondément surpris :