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LES CARABIQUES

au carabe, d’autant plus qu’il les happe par le ventre, où la peau est moins dure, et non par le dos, que défendent les élytres.

Émile. — Et si j’avais laissé faire la jardinière traînant le hanneton ?

Paul. — Le carabe se serait repu de sa proie, ne laissant que l’enveloppe coriace. Le même sort attendait l’autre insecte, s’il ne s’était tiré d’affaire en bondissant en l’air.

Jules. — Ce destructeur d’insectes ne fait-il aucun mal aux plantes ?

Paul. — Aucun. Il poursuit son gibier sans toucher aux matières végétales, seraient-elles des fruits exquis. Ce n’est pas de son goût. Il lui faut de la chair, de la chair fraîche, qui frémit sous les crocs des mandibules. Quand vous voyez le carabe courir dans le jardin, ou s’embusquer derrière une motte, il cherche pâture, il guette une proie, une limace peut-être, un hanneton étourdi. Laissez-le tranquille, il travaille pour nous. Au coucher du soleil, il quitte ses retraites pour faire la ronde et fureter dans tous les recoins. Il inspecte les cultures, et gare alors aux maraudeurs qui lui tomberont sous les crocs. Nous l’appelons la jardinière, parce qu’il est très utile dans les jardins en détruisant la vermine. Sa larve, assez laide bête noire, rend les mêmes services.

Jules. — Alors, il ne faut pas détruire le carabe doré ?

Paul. — Gardez-vous-en bien. Il faut respecter aussi ses nombreux confrères, chasseurs infatigables qui nous viennent en aide en faisant la guerre aux ennemis de nos récoltes. On les nomme tous ensem-