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LES RAVAGEURS

zigzag, et sur chaque flanc une rangée de taches. Son ventre est d’un gris ardoisé. Sa tête est un peu triangulaire, plus large que le cou, obtuse et comme tronquée en avant. La vipère est timide et peureuse ; elle n’attaque l’homme que pour sa défense. Ses mouvements sont brusques, irréguliers, pesants.

Les autres serpents de nos pays, serpents que l’on désigne par le nom général de couleuvres, n’ont pas les crochets venimeux de la vipère. Leur morsure est donc sans gravité, et la répugnance qu’ils nous inspirent n’est en rien motivée. Loin de nous être nuisibles, ils nous rendent service en détruisant divers ravageurs de nos récoltes.

Après la vipère, il n’y a pas en France d’animal venimeux plus à craindre que le scorpion. C’est une fort laide bête qui marche sur huit pattes.

Jules. — Le scorpion est-il un insecte ?

Paul. — Non. Les insectes ont tous six pattes, jamais plus, jamais moins. Le scorpion en a huit comme les araignées. Il appartient donc à la même classe que les araignées, c’est-à-dire à la classe des arachnides, comme disent les savants. Outre ses huit pattes, le scorpion a en avant deux pinces semblables à celles de l’écrevisse. En arrière, il a une queue noueuse, recourbée, se terminant par un aiguillon. Les pinces sont inoffensives malgré leur menaçant aspect ; c’est l’aiguillon dont le bout de la queue est armé qui est venimeux. Le scorpion en fait usage pour se défendre et pour tuer les insectes dont il se nourrit. On trouve dans les départements méridionaux de la France deux scorpions d’espèce différente. L’un, d’un noir verdâtre, fréquente les lieux