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LES ANIMAUX VENIMEUX

sombres et frais, et s’établit jusque dans les maisons. Il ne sort de sa retraite que la nuit. On le voit alors courir sur les murs crevassés, à la recherche des cloportes et des araignées, sa proie habituelle. L’autre, beaucoup plus gros, est d’un jaune pâle. Il se tient sous les pierres des collines chaudes et sablonneuses. La piqûre du scorpion noir amène rarement des accidents sérieux ; celle du scorpion jaune peut être mortelle. Quand on irrite un de ces animaux, on voit une fine gouttelette de liquide, limpide comme de l’eau, perler à l’extrémité du dard prêt à frapper. C’est la goutte de venin que le scorpion introduit dans la blessure.

Jules. — Les araignées ne sont-elles pas venimeuses ?

Paul. — À la rigueur, oui, en ce sens qu’elles ont de chaque côté de la bouche un croc recourbé et creux qui leur sert à infiltrer une goutte de venin dans le corps des insectes dont elles se nourrissent, et à rendre ainsi plus prompte la mort du gibier pris dans leurs toiles. Néanmoins les araignées ne doivent pas être regardées comme des animaux redoutables pour nous. Les crochets de la plupart auraient bien de la peine à nous entamer la peau. De courageux observateurs se sont fait mordre par les diverses araignées de nos pays. La piqûre n’a jamais produit d’accidents sérieux ; tout se bornait à une rougeur moins douloureuse que celle produite par la piqûre du cousin. Toutefois, les personnes un peu délicates doivent se méfier des grosses espèces, ne serait-ce que pour s’épargner une passagère douleur. On évite le dard bien autrement douloureux de la guêpe,