Page:Les Ravageurs, Jean-Henri Fabre.djvu/270

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
234
LES RAVAGEURS

plus que des gens. On le nomme psylle de Bosc. Il est tout noir et facilement reconnaissable à l’espèce de corne qu’il porte à la naissance du ventre.

Émile. — Cette corne est la tarière pour pondre les œufs ?

Paul. — Non. C’est un simple ornement qui donne à l’insecte un petit air batailleur. La tarière ne se voit pas ; elle est au bout du ventre, cachée dans un pli de la peau. Le psylle voletant, trottinant d’un épi à l’autre, surprend les vers rouges occupés à manger les fleurs et leur insinue un œuf dans le corps. Le reste, vous le devinez sans peine. Le vermisseau piqué nourrit de ses chairs la petite larve de l’ichneumon et périt.

Une autre cécydomie, nommée cécydomie destructrice, vit, à l’état de larve, dans les tiges du blé. Les tiges attaquées se dessèchent sans produire d’épi. Pendant vingt années, cette espèce a détruit en Amérique des récoltes entières. Elle a pour ennemi un petit ichneumon qui jusqu’ici nous a préservés en Europe de ce destructeur du froment.

Mais si nos terres à blé ne sont pas infestées par le ravageur américain, elles ne le sont que trop souvent par d’autres diptères appelés oscines, dont les larves vivent également dans les tiges des céréales, orge, avoine, seigle, froment. Les oscines ont à peu près la forme de la mouche vulgaire. Celle du seigle est jaune, avec trois bandes longitudinales noires sur le corselet et des bandes transversales de même couleur sur le ventre. Les ailes sont un peu irisées. Elle a pour ennemi l’alysie noire, ichneumon fluet qui pénètre dans le canal des chaumes, atteint les larves du diptère et leur pond des œufs dans le ventre.