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Page:Les Ravageurs, Jean-Henri Fabre.djvu/286

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LES RAVAGEURS

le nid des chenilles tordeuses. Il y a des feuilles pliées en long de façon que les bords se rejoignent pour former un canal ; d’autres sont assemblées deux par deux, trois par trois et davantage. Il y en a de liées en grossier paquet, de tordues, de chiffonnées. Des fils de soie les retiennent ensemble. En ouvrant ces nids de feuilles et de soie, il m’est arrivé d’y trouver tantôt une chenille, et tantôt une araignée.

Paul. — Diverses araignées, trop peu riches en soie pour se tisser une grande toile propre à prendre les mouches, s’embusquent dans une cachette qu’elles construisent en assemblant par les bords deux ou trois feuilles voisines. Comme les chenilles tordeuses, elles emploient des fils de soie pour maintenir en place les pièces de leur habitation ; mais le but de leur travail est tout différent. Les tordeuses assemblent des feuilles pour ronger en paix l’intérieur de l’abri ; les araignées les assemblent pour s’en faire un simple domicile, un lieu d’embuscade d’où elles se jettent sur les insectes qui passent à portée.

Jules. — Les araignées qui se font un nid avec des feuilles rapprochées ne nuisent donc pas aux arbres ?

Paul. — Volontiers je croirais qu’elles leur sont utiles. Ce sont de vigilants gardiens toujours aux aguets des mouches, moucherons, petits papillons et autres ravageurs qui viendraient infester les arbres de leurs œufs.