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LES SÉRAILS DE LONDRES

pas au-dessous de leur dignité rigide de s’y trouver. Socrate et Périclès se rencontrèrent souvent dans la maison d’Aspasie ; et nous avons vu, de nos jours, un exemple semblable dans la personne de Saint-Evremont qui rendoit de fréquentes visites à la célèbre Ninon de l’Enclos. Cette délicatesse d’expression, ce raffinement de goût que possède seul le beau sexe y étoient saisis avec rapidité ; en retour, la réputation d’un demi-savant recevoit un lustre emprunté de ces hôtes distingués.

La Grèce étoit gouvernée par des hommes d’élocution, des orateurs et des rhétoriciens habiles. Les courtisanes ayant un ascendant puissant sur les plus célèbres logiciens, avoient fréquemment une influence considérable dans le gouvernement de l’état. Démosthène, la terreur même des tyrans, fut forcé de se soumettre à l’impulsion de leurs charmes, et à la tyrannie de la beauté ; et on a dit de lui, avec une vérité juste et piquante : « Que l’étude des années fut énervée dans la conversation d’une heure avec une jolie femme. »

À Delphe, on éleva à la mémoire de Phrynie une statue d’or entre les mausolées de deux rois. La mort de plusieurs courtisanes fut suivie de monuments magnifiques pour en rappeler le souvenir, tandis que plusieurs héros qui moururent pour la défense de leur pays, furent en un instant