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LES SÉRAILS DE LONDRES

Le comte P...y ne fut pas plutôt de retour de l’Amérique, qu’il visita les séminaires de Saint-James et de Northumberland. Ne songeant point, pendant ce temps, à son acte de divorce, et oubliant que Monsieur B...d étoit son rival, il alla dans la maison de Madame Dubery qui lui présenta Lucy Williams comme une fille d’une grande bonté, de sentiment et de bon jugement. Voici la conversation qui eut lieu entre eux deux.

Lucy. Milord, à peine êtes-vous de retour de l’Amérique que je me trouve honorée de votre visite. Je me flatte que les fatigues de la campagne n’ont été nullement préjudiciables à votre santé.

Le comte P...y. En aucune manière, Madame. Jaloux de me distinguer pour l’intérêt et la gloire de mon pays, j’ai regardé les périls comme un plaisir satisfaisant pour mon cœur, et chaque difficulté que j’ai surmonté, au lieu d’altérer ma santé, y a ajouté au contraire de nouvelles forces.

Lucy. Vous tenez, milord, le vrai langage d’un héros ; et vous devenez à la fois le défenseur de votre pays et le favori du beau sexe ; car, comme dit le Poète : « Personne ne mérite mieux l’attachement du sexe que le héros. »

Le comte P...y. Je vois que Madame Dubery ne m’a point trompé, et que vous êtes la personne sensible dont elle m’a parlé. J’ai la vanité de