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LES SÉRAILS DE LONDRES

la mère abbesse reprit avec emphase, en ouvrant la bouche autant que ces facultés le lui permettoient. Oh ! que c’est admirable. Après avoir ainsi tâté le pouls de la mère abbesse et des religieuses de tout le couvent, car elles étoient toutes dans la même opinion, il résolut de se tenir sur ses gardes. Comme chaque nonne et la mère abbesse se persuadoient qu’elles pouvoient se permettre deux maris, il crut prudent d’éviter le même malheur qu’il avoit eu à Douai. Monsieur O’Fl..ty ayant franchement offert ses services à la mère abbesse, il s’en tint strictement à elle, et ce par deux raisons très-plausibles ; la première qu’il ne craignoit point les dangers de la grossesse ; la seconde qu’il espéroit que son ventre profiteroit plus que celui de la mère abbesse. Il se comporta, à cet égard, comme un politique judicieux, aussi bien que comme un vrai jésuite ; car, en peu de temps, il recouvrit son embonpoint, et retira de la mère abbesse près de deux cents livres sterlings, qui lui mirent en état de faire un voyage en Irlande, où, ayant dépensé la grande partie de son argent avec ses parents et ses connoissances, et trouvant que l’état ecclésiastique n’étoit pas d’un bon rapport, il se rendit à Londres. Après avoir séjourné quelque temps dans cette ville, il fut, sur la déclaration et poursuite d’un juge, mis en prison. Ayant alors recouvert sa liberté, il fut recommandé à