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LES SÉRAILS DE LONDRES

de ne plus songer à l’union qui avoit été projetée entre eux, et que les circonstances fâcheuses, disoit-il, venoit de dissoudre ; pour ôter à ces infortunés amants toute liaison quelconque et les occasions de se voir, il refusa de se mettre à la tête des affaires de sa nièce.

Miss Fa..kl..d, abandonnée aussi inhumainement de son oncle, se vit donc obligée de confier la gestion de l’héritage de son père à des gens de justice qui l’entraînèrent dans des frais immenses ; enfin sa fortune se trouva réduite à la somme de mille guinées. Livrée à elle-même, ayant perdu pour jamais l’espoir d’être unie à son cousin ; n’ayant plus personne pour la conseiller ; accoutumée de bonne heure à mener un genre de vie agréable ; étant dans l’âge où les passions commandent ; cette orpheline infortunée n’écouta plus que les désirs de ses sens. Elle alla donc aux spectacles, aux bals et aux divertissements les plus suivis : tous ces plaisirs bruyants enflammèrent son jeune cœur. Elle ne parut pas plutôt sur le théâtre du monde, qu’elle fixa tous les regards. Sa beauté, son port majestueux, son amabilité, l’agrément et la justesse de son esprit, lui attirèrent aussi-tôt une foule d’adorateurs : parmi le nombre des aspirants qui s’empressèrent à lui faire la cour, le lord Br..wn fut le mortel favorisé qui fixa son attention. Le lord, enchanté de la préférence que Miss