vous n’étiez pas ici. Il m’a demandé vos noms ; j’ai donné celui de l’un d’entre vous, j’ai refusé de livrer l’autre, et j’ai eu tort, bien certainement, car vous ne le méritez pas !
— Oh ! combien je vous remercie, ma sœur !… » Mais sœur Angèle ne m’écoutait pas, elle était indignée de ma conduite ! Je n’avais qu’un parti à prendre, me taire et recevoir l’averse sans même tenter de me mettre à l’abri. Pendant ce temps, Francis était appelé chez le directeur, et comme, je ne sais pourquoi, on le soupçonnait de me débaucher, et qu’il était d’ailleurs, à cause de ses gouailleries, au plus mal avec le médecin et avec les sœurs, il lui fut annoncé qu’il partirait le lendemain pour rejoindre son corps.
« Les drôlesses chez lesquelles nous avons déjeuné hier sont des filles en carte qui nous ont vendus, m’affirmait-il, furieux. C’est le directeur lui-même qui me l’a dit. »
Tandis que nous maudissions ces coquines et que nous déplorions notre uniforme qui nous faisait si facilement reconnaître, le bruit court que l’Empereur est prisonnier et que la République est proclamée à Paris ; je donne 1 franc à un vieillard qui pouvait sortir et qui me rapporte un numéro du Gaulois. La nouvelle est vraie. L’hôpital exulte. « Enfoncé Badingue ! c’est pas trop tôt, v’là la guerre qui est enfin finie ! » Le lendemain matin, Francis et moi nous nous embrassons, et il part. « À bientôt, me crie-t-il en fermant la grille, et rendez-vous à Paris ! »
Oh ! les journées qui suivirent ce jour-là ! quelles souffrances ! quel abandon ! Impossible de sortir de l’hôpital ; une sentinelle se promenait, en mon hon-