Page:Les Soirées de Médan.djvu/256

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Un hourvari infernal successivement les parcourut ; et cela ressembla au rugissement des fauves dans les ménageries, quand ils se répondent de cage en cage. Il ne troubla rien ; déjà un piétinement lourd avait envahi le deuxième étage de la maison. Là, comme précédemment, on s’acharnait à des fouilles, on pillait les taudis, on volait avec joie ; mais il fallut s’arrêter : une porte fermée empêchait qu’on s’aventurât plus loin.

— Eh bien, quoi ? se demanda-t-on, quoi ?… On n’avance plus ?

Puis des cris éclatèrent :

— Ne poussez donc pas, nom de Dieu !… Ne poussez pas, on étouffe.

Verdier, collé contre la porte, en compagnie du grand soldat qui n’en finissait plus, se débattait comme un beau diable. On devait l’entendre jurer de la cour.

— Enfonce la cambuse,… mais enfonce donc la cambuse ! disait-on. Lui, ne pouvait seulement pas remuer les bras. Alors :

— Oh ! hisse !… oh ! hisse ! firent les soldats derrière son dos.

— Oh ! hisse ! répétèrent les autres jusqu’à l’escalier en s’efforçant de marcher en avant. La porte bâilla. Un grincement aigre déchirait le parquet, tandis qu’un lit roulait par petites secousses.

— Oh ! hisse ! faisaient les soldats.

Des meubles dégringolèrent.

— Oh ! hisse !

Le grincement traînait toujours. La porte entr’ouverte permettait d’apercevoir un bout de barricade en désordre, un pan de mur éclairé, très rouge.