Page:Les Souspirs amoureux de F B de Verville 1589.djvu/58

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Et mes justes desirs, & les traits de vos yeux,
Qui allumans en moy de leur flamme divine
Les plus chastes brasiers, eschauffent ma poitrine,
Et mon sang & mon cœur, me faisant respirer
Pour heureux à jamais vous servir, admirer,
Honorer, rechercher, estimer, & eslire
Pour le bien heureux but où mon destin me tire.
Si donq' quelque douceur vous a esmeu le cœur,
Touchee de pitié appaisez ma douleur,
Et alors mon malheur mal langueur & ma peine,
Mon ennuy, mon travail, mon souci & ma gesne
Seront tout mon bon heur, & si je suis aimé,
Quand par mille malheurs je serois consumé,
Quand suivi de danger je fuirois la fortune,
Quand je serois pressé d’une mort importune,
Quand ce qu’on a songé d’espouvantable à bas,
Sans cesser me courroit jusqu’au poinct du trespas
Si seray-je content, puis que la recompense
Me suivroit de si pres en ma douce esperance.
Mais attendant qu’un jour favorable à tous deux
Faisans de beaux discours, aimez & amoureux
Nous puissions par effait d’un amour veritable
Sentant heureusement ce qui plus agreable
Peut forcer nos desirs, & contenter nos cœurs,
Apprehender en nous de l’amour les douceurs,
Prenez mon cœur, Madame, & regardez soigneuse,
Et par telle faveur rendez ma vie heureuse


ODE.



L’Amour dont je tiens la vie
N’est que la mesme douceur
Qui par le ciel recueillie