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Page:Les Veillées du couvent, ou le Noviciat d’amour, 5793 (1793).djvu/109

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du Couvent.

notre prétendu sublime dix-neuvième siècle, est-ce ma faute à moi si nous sommes blasés et si nos bons français préfèrent les Actes des Apôtres à mon poëme de la Fédération, et les mémoires de Saturnin à Bayle.

Arrête, Amour ! c’est assez ; une étincelle de ton flambeau vient de jaillir dans mon cœur et l’embrase ; un coup-d’œil que Manon vient de me lancer en tapinois acheve ton ouvrage ; mon sang bouillonne : le foutre et le feu chariés vers mon cerveau y portent les idées les plus bizarres qu’ait enfanté le satyriasis, et je vois tous les cons de Cithère et de l’Olympe étalés à mes yeux pour m’inspirer : semblable à Promethée, la beauté que j’adore, en me jettant un regard passionné, vient de donner la dureté du marbre et une nouvelle vie à mon membre refroidi depuis quelques instans, et je me sens disposé à continuer mes chants.

Trois soleils ont brillé depuis l’entrevue de nos pensionnaires avec Colin sur les bords de la rivière ; trois fois la lune a éclairé l’horizon, et les jeux nocturnes de nos tribades.