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Page:Les Veillées du couvent, ou le Noviciat d’amour, 5793 (1793).djvu/110

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Les veillées

La quatrieme aurore annonce à l’univers le jour le plus serein, le plus long et le plus brûlant ; toute la nature rayonne de mille feux : Agnès est ce jour là plus gaie qu’à l’ordinaire, et Louise a été contente d’elle toute la nuit : elle s’est montrée coquine, friponne, en un mot, ravissante.

Agnès à force d’être instrumentée et endoctrinée par Louise, a cessé d’être Agnès ; elle est plus espiègle, dit mille jolies choses, fait cent niches, saute, chante, danse et se montre enfin la plus aimable petite personne du monde.

Le dîner est suivi d’une promenade où nos deux bonnes amies ne peuvent être ensemble ; on sent déjà, sans que je le dise, que la promenade l’ennuya beaucoup. Sa gaîté s’éclipse, elle rêve au malheur d’être cloîtrée, à la conversation de Colin : amour, amour, s’écrie-t-elle en tombant sur le gazon, l’œil langoureux, et la bouche enflammée ; amour ! est-il vrai que tu sois le bienfaiteur du genre humain, lorsque je suis privée de tes faveurs ? Insensée que je suis ! eh ! qui me verra dans