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Page:Les Veillées du couvent, ou le Noviciat d’amour, 5793 (1793).djvu/111

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du Couvent.

ces épouvantables cachots ? qui pourra y pénétrer, me distinguer et s’enflammer pour moi ? je ne vois que de vieux et sinistres visages, des grilles et une nature souffrante. Il faut un miracle pour me sauver d’ici ; il faut être sorcier, il faut être sylphe, il faut être amoureux comme moi et Dieu comme toi… Elle dit ; et un élan voluptueux vient la saisir. Le Zéphyr la caresse et la rafraîchit de son aîle légère : les fleurs qui l’environnent reprennent des couleurs plus vives, l’air se parfume d’odeurs plus suaves, et le ruisseau la berce voluptueusement, l’amour a dirigé son doigt vers le foyer de ses desirs… Elle fut heureuse encore, et ce bonheur lui sembla cette fois d’un favorable augure. Agnès Crut au pressentiment, et je suis tenté d’être de son avis. La cloche sonne et l’appelle aux vêpres. Je crois que sa piété sera bien fervente, et je suis étonné que les nonnes ne se soient pas aperçues qu’il se passait chez Agnès quelque chose d’extraordinaire : son air, sa démarche, ses yeux, ses gestes, son langage, tout tenait du vertige et de la manie.