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Page:Les Veillées du couvent, ou le Noviciat d’amour, 5793 (1793).djvu/130

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Les veillées

aux esprits, comme je l’ai dit, aux héros imaginaires, aux esprits aëriens, aux gnomes, aux follets, aux lutins, aux Sylphes, aux salamandres et aux farfadets. Tant est que le nôtre est déjà dans les bras de notre Agnès, sans qu’elle le voie ; mais elle le sent, et c’est ce qui plaît le plus à nos dames. Il cueille sur ses lèvres plusieurs baisers qu’elle lui rend. « Tu as été discrette, ma bonne amie, lui dit-il, et tu vas être récompensée. Tout dort encore ici ; nous sommes en sûreté, et je vais me montrer à toi dans toute ma splendeur, te dire qui je suis, et comment je suis venu dissiper ton ignorance. »

Nous habitons l’air ; nos essaims légers parfument les nuages dorés d’un beau matin ; notre emploi est de former le cortège brillant du Soleil, de Flore et de Vénus, de procurer des songes voluptueux aux bergers et aux pastourelles. Nous sommes les ministres et les courtisans de l’Amour. Je suis en un mot un de ces Sylphes qui veillent au bonheur et à la conservation des belles, broyent le carmin qui colore leurs joues, et se communiquent parfois