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Page:Les Veillées du couvent, ou le Noviciat d’amour, 5793 (1793).djvu/143

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du Couvent.

de cette même nature. Il faut jouir avant d’aimer Ne peux-tu pas la rendre heureuse, sans me faire beaucoup de tort ? Ne peux-tu l’aimer un peu, sans l’aimer tout-à-fait autant que tu m’aimes ? Ne peux-tu lui faire cela, sans l’aimer ? Cela n’est pas difficile aux hommes ; il ne faut qu’un peu de complaisance. Une femme en vaut une autre, quand elles sont belles toutes deux. Moi, je te serai toujours fidelle, parce que je ne puis rien trouver au-dessus de toi ; mais Louise peut valoir mieux que moi, et je n’en suis point jalouse. J’aime mieux avoir la portion moins forte, et que ma bonne amie soit heureuse ; je jouis déjà de son bonheur. — De si beaux sentimens, dix le Sylphe, méritent l’amour le plus tendre. Aussi le mien sera-t-il toujours des plus vrais et des plus constans. Je t’admire, et tu seras obéie, mais sans te nuire et sans te priver. Demain un Sylphe de mes amis prendra une forme quelconque à son choix, et si elle te vient voir, il te sera facile de juger à sa démarche, à son humeur enjouée, qu’elle a comme toi ce qu’elle desirait, et que l’amour a versé dans son ame toute l’ivresse du véritable plaisir.