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Page:Les Veillées du couvent, ou le Noviciat d’amour, 5793 (1793).djvu/27

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du Couvent.

décoration, lorsque le cœur (la modestie me défend de dire plus,) commence à lui parler.

La belle Agnès, l’héroïne de mon Roman, étoit dans ce cas, et confinée depuis trois ans dans le couvent de M... R.... par de riches négocians de Paris qui n’avaient pas le tems de l’aimer, parce que la maman n’aimait pas son mari et que le mari ne trouvait pas qu’il fût du bon ton de s’en tenir à sa femme. Agnès avait été plantée là pour s’instruire, pour devenir polie, honnête, et savoir toutes les grimaces du cloître. On n’était pas alors persuadé qu’un cloître est une mauvaise école pour les jeunes demoiselles ; on ne savait point encore que des victimes de la contrainte, du désespoir, d’un amour du monde contre lequel elles ont sans cesse à lutter, sont de bien mauvaises institutrices ; on n’est pas encore bien convenu des dangers que court la pudeur de ces jolies élèves dans un saint sérail, où le saint Pater est le centre de leurs desirs, le but de leurs recherches curieuses, leur premier amant, leur Dieu et leur tout, c’est un homme enfin et on n’a que lui ; où