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Page:Les Veillées du couvent, ou le Noviciat d’amour, 5793 (1793).djvu/29

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du Couvent.

les voltiges de Nicolet et les différens passe-tems de Curtius, Audinot et Torré. Je ne m’amuserai pas à faire le portrait de notre belle recluse. Rien n’est si fade, si soporatif, et plus exagéré que ces êtres fantastiques tracés d’imagination et auxquels un auteur prodigue à pleines mains des Perles d’Orient, du Corail aux lèvres, des Roses aux joues et tous les dons merveilleux dont nos insignes menteurs de la haute antiquité ont jugé à propos de gratifier la fabuleuse Pandore. Il est plus difficile de trouver de la ressemblance à ces images idéales, que de l’humilité dans un Jésuite, de la sobriété dans un Cordelier, de la franchise dans un Courtisan, de la justice dans un Juge et de l’argent chez un Poëte. Grace à Messieurs les beaux esprits de tous les tems, qui trouvent l’impossible dans leur féconde imagination, ils ont l’impudence de métamorphoser en déesse, en houris, la plus hideuse servante de cabaret, mais tout le monde n’est pas Santeuil, et je n’ai pas cet honneur-là. On ne peut plus compter sur rien, je flotte sur un océan d’incertitudes et je suis